L
’histoire entre Hélène et Martin, c’est fini. Enfin pour Martin, c’est fini. Pour Hélène, c’est plus dur de tourner la page. Quelle tactique adopter ? Elaborer un plan de reconquête ? (ou de conquête vu la passion qu’avait l’air de lui témoigner le bellâtre) Passer à autre chose ? Encore, si cela se jouait entre elle et lui… Mais il y a la famille, les collègues, les proches, les amis, sans oublier un éventuel soupirant. De quoi prendre du recul et essayer de théoriser autour du thème.
Vraie salope, vraie salope, ça se discute. D’ailleurs, pour que l’auteure dresse un profil argumenté de ladite créature, il faudra attendre la fiche de la page 57. Chouette idée, soit dit en passant, d’insérer au milieu du récit des déboires qu’elle subit et des vacheries qu’elle prodigue, ces fiches thématico-pratico-typologiques qui apparaitront comme particulièrement didactiques pour mieux comprendre des items aussi variés que : le Boss, les baisers, la salope (vous étiez prévenus), la honte, l’avant/après ou… rien (lisez, vous verrez).
Subir c’est ce qu’elle fait au début, et dans son entourage, il n’y en a pas un pour racheter l’autre : des experts pour retourner le couteau dans la plaie ces gens-là. Heureusement, c’est une façon de parler, l’âme en peine se rebiffe rapidement et qu’on se le dise : elle ne sera pas la seule à déguster. Tous, de sa bourgeoise de mère acariâtre toujours prête à accabler sa cadette, en passant par les amis qui s’intéressent avant tout à leur cas personnel ou ces peaux de vache avec lesquels elle travaille. Y compris le gentil garçon, "une proie de réparation", qui caressait l’espoir de bâtir une relation idéale et qui confirmera l’adage selon lequel très souvent, et en amour tout du moins, il n’y de bourreau que s’il y a une victime. Deux costumes taillés pour Hélène, qui à l’occasion se découvre une vocation de transformiste. Toutes et tous des Hélène ?
Ce troisième volet des aventures d’Hélène Bruller, du personnage qu’elle met en scène du moins, est probablement le plus réussi. Le rapprochement avec le style de Maïtena (Les déjantés – Ed Métailié et dans quelques magazines) focalise moins l’attention, l’habitude a été prise de retrouver ce style direct, privilégiant les personnages et leurs mimiques, et qui viendrait à évoquer par instant une sorte de Super Deformed à la mode franco-suisse. Ça explose dans tous les sens, les couleurs pètent, les vannes fusent, les coups bas verbaux s’enchaînent sans véritable répit. A condition de se ménager des pauses entre deux rasades d’échanges pas piqués des vers, voilà un bon moyen pour appuyer sur la « détente » et qui sait, en profiter pour prendre des notes : une vacherie bien sentie, comme on le répète au cours de cette semaine consacrée au développement durable, peut toujours être recyclée et reservie le moment venu…
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