A
la loterie de la vie, Roger n’a pas tiré le numéro le plus simple : c’est dans une famille nombreuse, sans le sou et habitant dans un taudis qu’il voit le jour. A adolescence, un profond sentiment de révolte l’envahit face à la misère qui l’entoure. Pas question qu’il se soumette à un système où son sort serait réglé d’avance. Mais pour l’heure, cette hargne reste contenue, car la fratrie est tenue par l’homme de la maison, à la fois craint et respecté : Tonton. Si ce dernier parvient à subvenir tant bien que mal aux besoins des siens, les moyens employés ne sont pas toujours d’une limpidité absolue. C’est ainsi que, de temps en temps, pour améliorer le quotidien, il initie les siens au vol de poules. Ces frasques ont un arrière-goût d’aventure et de liberté auquel Roger n’est pas insensible.
Qui vole un œuf vole un bœuf, alors qui vole une poule… Le chemin était-il tout tracé pour Roger Knobelspiess ? Son enfance en Normandie, dans un milieu qui n’est pas sans rappeler Colombe et la horde de Simon Hureau, laissait-il présager les QHS et la rencontre avec Mesrine ? Cette adaptation en bande dessiné du roman autobiographique éponyme, sans user de raccourcis faciles, n’emprunte pas nécessairement ce chemin. C’est avec un regard sans complaisance qu’il décrit l’ambiance dans laquelle il a grandi, il ne reporte d’ailleurs en aucun cas la responsabilité de sa souffrance sur sa famille à laquelle il voue une certaine affection. Cependant, le terrain, en marge complète de la société, était fertile. Ecrit alors que la rédemption est arrivée, l’auteur fait preuve d’un recul intéressant pour son approche, sachant intégrer une bonne dose de dérision à sa narration, s’amusant rétrospectivement de son évolution vers l’âge adulte et du rapport entre les générations.
Le trait de Chabane peut paraître un rien rebutant, tant il laisse transparaître une laideur presque dérangeante. Les faciès sont grossiers et, à l’instar des dialogues à base de phrases hachées, ils révèlent avec acuité tant le repli sur soi de ce microcosme que sa rudesse. Ce n’est pas la couverture qui démentira cet aspect des choses. Pris en ce sens, ce dessin apparaît alors comme une version fidèle d’un univers qui porte en lui sa part de sordide. La mise en couleur, sombre, s’accorde bien à la nature de cette histoire.
Si la qualité narrative est bien présente, les lecteurs de Voleur de poules regretteront peut-être le choix fait de développer quelques anecdotes au détriment d’une réelle évolution. Cette option aurait vraisemblablement nécessité plus de place mais aurait sans doute offert un liant plus consistant au récit de cette adolescence qui a précédé le passage vers la grande délinquance.
Roger, qu'on apprend bandit de métier, a eu une jeunesse propre à développer
son art.
On le voit oeuvrer dans sa jeunesse, son adolescence avec tonton qui n'a pas
peur d'un peu d'action pour nourrir sa famille. Son laisser-aller de discipline et sa
façon de faire servira de leçon et permettra à sa progéniture de croire qu'on a le
droit de s'approprier ce que l'on veut, même lorsque ça ne nous appartient pas.
Pas mauvais, pas génial...Et avec énormément d'expressions françaises qui
laissent pantois tout étranger ne vivant pas en France. J'ai appris de nombreuses
expressions dont je me demande encore le sens aujourd'hui. (Je suis québécoise)