L
e maharadjah du Shasheshuur est bien décidé à empêcher les troupes anglaises et leurs caravanes d’opium de pénétrer dans son état. Mais que peut-il faire face à la puissance des colonnes de la reine Victoria ? Il s'adresse donc au fakir Cétehtudiehpur et son jeune apprenti, Tandori, pour que ceux-ci trouvent un moyen d’empêcher cette traversée. Armés de leur humour, d’un peu de magie et recevant l’aide providentielle d’un aventurier français un peu fou et de son éléphant bleu, ils vont s’opposer aux soldats de la couronne britannique.
Cette BD est une réédition. En effet, cette trilogie est déjà parue aux éditions du lombard dans la première moitié des années 90. Le scénariste n’est autre qu’Arleston, auteur bien connu de nombreuses séries : Lanfeust de Troy et consorts, les Forêts d’opale, Léo Loden, etc. Contrairement à ses titres les plus célèbres qui ont souvent pour thème des mondes imaginaires teintés de fantasy, Tandori se présente comme une BD d’aventure avec une bonne dose d’humour. Au dessin se trouve Curt Ridel qui a réalisé de nombreux albums jeunesse : Tuff et Koala, Angèle et René, le Gowap.
Cette BD est truffée de nombreux jeux de mots. Mais si certains font mouche, comme par exemple le fort Tubihore-Notuhbi construit par le Cheik Spi-Hir, il est possible de regretter que les changements orthographiques et la police d’écriture utilisée, sans doute pour faire plus « couleur locale », rendent leur compréhension le plus souvent difficile. Le summum étant atteint avec la chanson Alexandrie Alexandra qui est assez indéchiffrable.
Bien qu'utilisant parfois de grosses ficelles, cette histoire peut accrocher les enfants : un cadre dépaysant, un animal exotique ami avec un héros proche d’eux. En effet, Tandori est jeune et un peu fainéant. Il commet quelques bourdes avec la magie mais est courageux et possède un grand cœur. Malgré cela, la ligne directrice reste assez simpliste et part un peu dans tous les sens avec notamment l’intervention de Jules Verne, dont on se demande ce qu’il vient faire en pleine jungle, personnage à mi-chemin entre l’aventurier un peu extravagant et l’inventeur génial à la Tournesol.
Ce titre contient des erreurs de jeunesse, puisqu’il s’agit, rappelons-le, pour chacun des auteurs, d’une de leurs premières BD. L’un des paradoxes réside dans le fait qu’il n’est pas aisé de déterminer à quel public elle s’adresse. Son scénario un peu faible et son humour simple la destinent plutôt à un jeune lectorat, mais celui-ci ne saisira pas forcément tous les clins d’œil et expressions, qui apportent une certaine saveur à l’histoire. Inversement, un bédéphile adulte peut apprécier ce second degré mais être déçu par la trame générale.
A réserver donc aux enfants, sachant que ce titre les amusera mais ne leur laissera pas un souvenir impérissable, ou aux inconditionnels d’Arleston, atteints de collectionnite aiguë, qui veulent absolument posséder tous les titres de leur auteur préféré et auxquels cette série, assez inconnue, avait échappé.
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