S
uivant sa thématique et après s’être penché sur les relations des dites filles avec leurs mères respectives, Christopher aborde en toute logique le rapport au père. Après le pilote intitulé Pyjama party consacré exclusivement à la présentation du quintet dans un huis clos tout en dialogue, la saison un comprend deux épisodes. Le premier, Papier peint, pose l’environnement, le second, Action ou vérité, s’attache à le secouer avec délectation. La saison deux, avec Telle mère, telle fille et le petit dernier Au nom du père, fait appel à la génération du dessus, avec la coupable intention de démontrer que l’âge venu ne règle pas tout.
Le travail sur cette série, échelonné avec patience et dans le temps par Christopher, a permis de mettre en place autour des cinq demoiselles une pléiade de personnages secondaires. Il parvient à jongler avec virtuosité avec tous les protagonistes et à tirer la quintessence des situations. Il est possible de considérer qu’il ne s’agit que d’une transposition sur papier comparable de ce qui est offert sur le petit écran pour la ménagère de moins de cinquante ans. Mais cela serait un peu réducteur, parce qu’en l’occurrence, Les filles est globalement une réussite dans tous les domaines, surtout dans la durée. Le scénario et les embryons d’intrigues se tiennent parfaitement, la construction est intelligente et le découpage participe à la dynamique de l’ensemble. Ces qualités purement professionnelles ne sont pas orphelines de fond, l’auteur joue avec les a priori, alternant des passages un rien guimauves avec d’autres plus profonds qui sortent renforcés de cette cohabitation. Bien sûr, le trait est parfois forcé et les coïncidences heureuses, mais c’est bien d’une bande dessinée humoristique dont il s’agit, même si, dans ce cinquième tome, la relation au père offre une dimension humaine plus marquée que dans les précédents.
Les dialogues fusent à un rythme soutenu et de truculents détails graphiques sont glissés comme autant de clins d’œil au lecteur. Il est certes possible de s’accorder sur la simplicité du dessin, mais son efficacité à exprimer la gamme des sentiments qui traversent les protagonistes n’en est pas moins redoutable. Les couleurs sont dans le ton, rieuses, voire même gentiment moqueuses pour ce qui concerne les teintes des divers papiers peints et autres robes.
Dans un domaine qui souffre sans doute d’un manque de considération, parfois même taxé de léger, Christopher démontre qu’il est tout à fait possible d’en tirer une BD effectivement ouverte au plus grand nombre (mais est-ce une tare ?) qui va au-delà du simplement divertissant.
Chronique du Tome 4 : Telle mère, telle fille
Poster un avis sur cet album