L
’expédition de Charles Augery et Lady Nelson pour récupérer son mari et Jade tourne au drame. Sous l’impulsion des terribles Orushi et galvanisées par l’incarnation de la déesse Anaktu, les tribus ont pris les armes contre le colonisateur blanc. Droguée par le sorcier orushi, Jade jouit de sa nouvelle puissance en se donnant chaque soir aux guerriers qui attendent devant sa case. Son passé de djinn semble lointain, tout comme le souvenir des Nelson…
Laissant dans l’ombre Kim et ses recherches de la perle noire, Pipiktu nous ramène au début du XXe siècle. Là, Jean Dufaux développe son intrigue où se mêlent intimement pouvoir, sexualité et force brute d’une terre qui résonne du son des tam-tams. Ce faisant, il dévoile ce que les découvertes de Kim dans le tome précédent avaient laissé entrapercevoir et on regrette alors, l’espace d’un instant, que l’interaction entre la jeune femme et son aïeule ne soit plus de mise dans ce deuxième cycle. Mais cela a des avantages car le scénariste concentre ainsi l’histoire sur le couple Nelson, la révolte des Africains et le rôle de Jade dans cette affaire. Et le lecteur est surpris tant par la violence que par la cruauté omniprésentes. Le jeu machiavélique de la belle ottomane ne manque pas non plus de stupéfier et de faire frémir autant que le sang versé. Comme au cœur du harem, l’érotisme se révèle en effet être une arme de séduction comme de destruction que manie habilement l’héroïne. Par ailleurs, les multiples oppositions qui sous-tendent la série – le colonisé face au colonisateur, la magie et les légendes contre la rationalité, la nature crue face aux conventions – culminent dans le destin des Nelson dont le passé est dévoilé ici. Jouets du djinn qu’est Jade, ils prennent une dimension nouvelle et plus profonde, paraissant d’autant plus humains et fragiles que leur compagne semble tranchée de toute sensation et émotion.
La passion émanant des pages trouve dans le dessin d’Ana Miralles la possibilité de s’exprimer pleinement. Malgré une couverture un peu décevante, le graphisme remplit toutes ses promesses et le trait fin et précis de la dessinatrice fait merveille. Sous le soleil africain comme dans la touffeur de la jungle ou dans l’intimité sombre d’une cabane, les corps palpitent et vibrent, sublimés. Les couleurs s’accordent harmonieusement avec les contrastes de la terre africaine et en relèvent encore les mystères. Les lumières crues du jour aux teintes franches et vives cèdent devant les nuances sombres des scènes nocturnes, en particulier dans les passages montrant une Jade plus impériale et hiératique que jamais chevaucher ses guerriers noirs ou affronter Lord Nelson. Là, sa silhouette d’un brun-rouge foncé – couleur sang - se détache avec force sur les fonds noirs pour donner une impression de divin. En comparaison, les verts tendres de la promenade de Harold et Miranda Nelson sont comme une bouffée de fraîcheur. Une version dvd collector avec couverture inédite permet en 52 minutes de reportage de découvrir le travail de l’auteure et de prolonger le plaisir de la lecture.
Avec Pipiktu, le deuxième cycle de Djinn trouve une ampleur qui lui faisait défaut jusqu’ici. Endormie par un tome 6 assez frustrant, la curiosité est réveillée avec cet album. L’intérêt ainsi ravivé fait naître bien des espérances pour le dénouement de cette aventure africaine !
Lire également :
>>> Chronique du tome 3 de Djinn
>>> Chronique du tome 4 de Djinn
>>> Chronique du tome 5 de Djinn
>>> Chronique du tome 6 de Djinn
on nous emméne en bateau... il faut faire du fric avec une série qui marchait bien alors on en rajoute...
le 1 er cycle ok impeccable mais la suite c'est uniquement du commercial on exploite les ficelles grosses comme des maisons ... on se demande même quel est l'interêt de ce 2 ème cycle.
ce n'est pas la première série qui a essayé de faire du beurre avec la renommée du 1 er cycle... la bd devient un business, plus un art... on exploite un filon... un 3ème cycle ai je lu dans les avis et pourquoi pas un 4 ème etc etc...
Dans cet avant dernier épisode du second cycle, la tribu canibal ou se trouve Jade, et qui est prise comme la déesse Anakthu, veulent éliminer les blancs de leur terre.
Lord Nelson enfermé se retrouve avec la personne chargé de le retrouver par sa propre femme.
Les deux personnages veulent s'enfuire et pouvoir éliminer Jade.
L'aventure africaine continue, Jade est devenu une déesse et entraine le peuple noir dans la révolte, et tous sont prêt à mourir pour elle.
Avec un scénario qui vire avec le fantastique de plus en plus irréel et un dessin moins original, Djinn reste plaisant mais ne surprend plus autant. Un début de lassitude ?