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près avoir évincé le Caïd et s’être autoproclamé nouveau roi de la pègre, Daredevil récupère lentement des événements qui avaient fortement perturbé son existence et même hypothéqué sa carrière de super-héros. Un nouvel équilibre, plus paisible, règne maintenant dans ce quartier de Hell’s Kitchen, arpenté par un héros qui commence même à jouir de ses plus petits succès face aux délinquants. Mais derrière ce calme apparent, une nouvelle tempête médiatique se prépare à souffler sur la vie privée de Matt Murdock. Bien décidé à se venger de celui qui l’a mis derrière les barreaux et via l’intermédiaire d’un journaliste du Daily Bugle, l’ancien leader du crime organisé de la cité new-yorkaise propose au FBI d’échanger un dossier sensible contre son immunité : Wilson Fisk est de retour !
Regroupant six épisodes publiés aux Etats-Unis entre octobre 2005 et mars 2006, ce treizième tome de Daredevil dans la collection 100% Marvel vient clôturer le passage remarqué de Brian Michael Bendis et Alex Maleev sur ce titre. Une collaboration de quatre années, riche de 56 fascicules, couronnée par deux Eisner Awards et une nomination dans la catégorie "Prix de la série" à Angoulême, qui aura marqué de manière indélébile l’histoire de ce personnage créé par Stan Lee et Bill Everett il y a plus de 40 ans et relancé par le talentueux Frank Miller à la fin des années 70.
Le rapport Murdock vient parachever l’intrusion des deux auteurs dans le quotidien pas toujours joyeux d’un personnage acculé au plus profond de son identité secrète et tentant de reconstruire une vie affective après la perte de ses grands amours. Ce chant du cygne du duo prolifique a néanmoins un peu trop les allures d’un tableau de famille, sortant de l’ombre tous les personnages récurrents de la série, venus assister avec leur propre agenda au sort final de l’avocat aveugle et de son alter ego Daredevil. D’autre part, le retour du Tueur (Bulls Eye) est quasi indispensable afin d’instaurer un climat de peur autour de la nouvelle relation affective qu’entretient Matt Murdock avec Milla, la présence de Ben Urich permet de refermer la boucle médiatique et le come-back d’un Caïd, se reposant plus sur son génie intellectuel que sur sa force physique, est inéluctable dans cette conclusion.
Côté graphisme, le dessin photo-réaliste d’Alex Maleev sied surtout aux scènes dramatiques, comme en témoignent les discussions entre un Caïd dont la fourberie est à la mesure de l’ombre qui vient l’envelopper et un Ben Urich terrorisé, lui jetant des regards craintifs. Le dessinateur d’origine bulgare est cependant moins à l’aise sur certaines scènes d’action, où il délaisse cet art ombragé, caractéristique à l'ambiance habituelle de la série.
Si cette conclusion de Bendis méritait d’être plus concluante, elle reflète cependant la dualité qui poursuit ce diable rouge, partagé entre une envie de tout révéler au monde extérieur et le rêve de pouvoir fuir cette réalité et ce quartier pour lequel il se bat sans relâche. Brian Michael Bendis et Alex Maleev tirent donc leur révérence et, même si le couronnement de l’œuvre n’est pas à la mesure de leur travail remarquable sur celui qu’ils firent roi de cette cité new-yorkaise, ils laissent la porte de Hell’s Kitchen entrouverte pour le relais d’Ed Brubaker et de Michael Lark.
Découvrez également :
Le site officiel de Brian Michael Bendis
Le site d’Alex Maleev
La chronique de Daredevil - Father
La chronique de Jinx
Note globale pour les albums 4 à 13, soit la saga écrite par BM Bendis et dessinée en grande partie par alex maleev. Le génie du scénariste réside dans sa capacité à créer des intrigues s'inscrivant dans la durée, où tout semble savamment réfléchi (il suffit de lire certains épisodes du crossover marvel de 2008 secret invasion, pas encore publié en france, où de nombreuses sous-intrigues commencées en 2004 avec new avengers trouvent tout leur sens) - Sans renouveler en profondeur le personnage de daredevil, il créé une épopée passionnante, humaine, parfaitement mise en image par maleev. Un chef d'oeuvre. Note pour la fin : il serait temps que Panini aligne enfin la parution avec ses autres revues, évitant certaines incompréhensions.
Critique pour le cycle "identité dévoilée". Le dessin est somptueux, créant l'ambiance absolument en phase avec le personnage et les lieux ou il évolue. Les découpages sont fantastiques et le scénario tient sur l'ensemble des volumes sans s'essoufler un seul moment. Adepte depuis tout môme du daredevil cette saga est vraiment excellente. A se procurer d'urgence !