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rivé solitaire et aux limites confuses de la dépression, Nero a été extirpé de sa torpeur pour enquêter sur un meurtre dont la résolution a été livrée clefs en main aux autorités locales. Trop simple. D’autres suivent tout aussi malsains dans leur mise en scène, un serial-killer, le Fossoyeur, semble avoir établi ses quartiers à Brescia. Fonctionnant à l’instinct, passionné par l’approche psychologique des criminels, l’ex-flic parvient à l'appréhender (le premier tome se clôturait sur cette confrontation). Trop impliqué dans cette affaire, il n’arrive cependant pas à décrocher et cherche à comprendre comment un humain a pu en arriver là. C’est d'autant plus dommageable que le hasard est parfois bien fourbe et réveille de profondes et douloureuses blessures, car rien n’est aussi simple qu’il n’y paraît.
Bande dessinée d’atmosphère, le dessin en parfaite harmonie avec la mise en couleur n’est pas sans rappeler l’ambiance que Mutti avait réussi à distiller dans le polar Break point. Ici, le décor enneigé fait aussi penser à Pauvre Tom, scénario Lynchéen porté vers le haut par des qualités graphiques similaires. Le dessinateur livre une galerie de portraits inquiétants : blafards, couperosés et édentés, ils retranscrivent avec justesse les effets dévastateurs d’un hiver sans fin, de l’alcool et de la violence. Les conditions climatiques collent à la lente dérive vers les enfers de cet homme en perdition dans le passé du tueur. Direction les fins fonds de la Russie dont le village d’Arkhangelsk officie en contrepoint d’une Italie vieillissante et lézardée qui, après le chaos pluvieux de l’acte d’ouverture, retrouve couleurs et charme désuet.
La construction de Crippa joue avec ce décalage : vous pensiez avoir atteint les confins du sordide dans La cinquième victime, il n’en est rien. Certains verront dans ce récit un découpage trop brutal, pour d’autres ce sera l’occasion de repousser l’arrivée du mot fin par des escapades dans le temps et l’espace qui trouveront justement toute leur justification dans le dénouement. Dans cette seconde partie, le scénariste, bien plus qu’à l’enquête en elle-même, s’intéresse à son impact sur l’investigateur. Ce dernier, déjà plus où moins coupé d’une certaine réalité et que plus rien ne retient vraiment, a été conforté dans ses méthodes par sa réussite à neutraliser le meurtrier. Ses certitudes et son absence de recul face à des révélations qui le touchent au plus profond de son être et qu’il ira lui-même chercher, n’auront pas grand mal à le pousser sur un chemin sans rédemption possible.
Si le diptyque est clos, ça ne semble pas être le cas du destin torturé de Nero qui tout au fond du gouffre voit un rayon de soleil se poser sur lui. Illusoire ou non pour le « héros », son aspect se révèle des plus prometteurs pour les lecteurs.
Chronique du T.1 : La cinquième victime
Ce deuxième opus me semble plus dense. L'enquête de Néro bascule dans une quête, la poursuite d'une ombre, qui se transforme progressivement en une sorte de psychose obsessionnelle. Les planches décrivent bien ce parcours surprenant qui débouche sur une fin qui ne l'est pas moins et qui ouvre des perspectives intéressantes pour la suite.
Ce deuxieme tome est deja d'un niveau au dessus.
Le premier tome me paraissait simpliste et je n'imaginais pas de suite .
Maintenant une multitude de voies sont ouvertes , attendons le Tome 3.