A
ux confins du sordide... Dans ce bourg où les habitants portent les stigmates de siècles de consanguinité, les perspectives se nomment échec, chômage ou au mieux fuite vers un ailleurs. Les jeunes du cru, perclus de certitudes comme on peut l'être à leur âge, crachent leur mépris envers les autres évidemment, et d'une certaine manière envers eux-mêmes. Poussé à l'extrême ce mal-être conduit aux limites de comportements suicidaires.
La rencontre de deux adolescentes avec une mystérieuse "étrangère" (elle n'est pas née dans le village) sert de catalyseur pour lancer Tout doit disparaître. Cette jeune, aux attitudes un peu rebelles et sûre d'elle, va exercer sur les deux oies blanches une fascination hypnotique (la symbolique du cadeau empoisonné : une paire de Doc Martens). Dans ce récit initiatique, tout y passe : de l’attente - réelle mais dissimulée - de la Saturday night fever (qui virera au cauchemar) au dimanche glauque à souhait. L’ennui au quotidien rôde, il faut le tuer... Le récit égrène donc les pérégrinations de ce trio et de ses ramifications, en marge de la norme (le grand Satan) et en quête de sensations. Et dans ce domaine, l’auteur semble connaître ses classiques. Le dessin appuie là où ça fait mal en autopsiant l’atmosphère des lieux : du banc des regroupements (ersatz des halls d’entrée de nos banlieues), à l'arrêt de bus tagué perdu dans la nature, en passant par le pont dit « de la mort » ou les bâtiments laissés à l'abandon. Enfin, le manque de repères est fort bien évoqué par l’absence pesante des parents (voire des adultes en général), ne parlons pas de leur présence ponctuelle, qui semblent avoir abandonné leur progéniture à elle-même. C'est un point fort de la narration.
L'atmosphère qui se dégage de Tout doit disparaître est remarquablement maîtrisée. Simon Hureau tire la quintessence de ce microcosme français avec lequel il avait déjà flirté à l'occasion de Colombe et la horde. Un bémol toutefois : l’escalade finale, qui paraît superflue, alors que l’ensemble se suffit à lui-même par sa pertinente approche d’une certaine réalité. Narrée avec rythme et prenante, voilà une BD qui amène le 9ème art aux frontières du roman.
Un des grands albums de l’année, conte noir et cruel qui résonne comme le glas pour ces provinces à l’abandon. Un auteur a pris son envol...
Tout doit disparaître : on dirait un titre tiré d’une pancarte d’un magasin qui fait les soldes. D’abord, on n’est pas obligé d’acheter et de faire disparaître le stock de marchandises, non mais !
Cette lecture m’a été particulièrement difficile. Il y a des passages très denses où il faut se concentrer sur la multitude de dialogues entre les 3 principaux protagonistes. Puis, il y a des scènes contemplatives qui peuvent durer plusieurs pages. Ce n’est pas une très belle harmonisation de l’ensemble notamment au niveau du rythme.
Le dessin n’est pourtant pas trop mal. Cependant, le scénario fait défaut. Je dois bien avouer avoir été déçu par la fin de ce long récit. Pourtant, rien ne laissait présager que cette bd s’enfonce comme cela. C’est une vraie déception à ce niveau.
Les réflexions ainsi que les thèmes brassés étaient intéressants. L’auteur n’a pas su les exploiter correctement. C’est tout à fait manifeste. On a droit presque à 200 pages et tout ça pour cela.
Les relations entre les trois filles pouvaient donner lieu à quelque chose de passionnant. Néanmoins, on se rend vite compte qu’il n’y a rien d’attachant à ces filles totalement disjonctées. Si vous ajoutez à cela des lieux crades et des histoires glauques, on tombe dans la désuétude la plus absolue.
J’aurais pu mettre 3 étoiles ; cependant la déception a été plus forte. Un loupé dans la collection « Futuropolis ».
J'ai été ravi de retrouver le dessin de Simon Hureau, que j'avais découvert avec Palaces et Bureau des prolongations. Mais ici, nous sommes très loin des aventures de routard et Hureau nous plonge dans un univers noir, voire macabre, qu'il a déjà développé avec son étonnant Colombe et la Horde.
Sur plus de 200 pages, Simon Hureau nous offre une chronique qui de bon enfant, sombre dans une folie meurtrière et les dernières pages sont assez dures à supporter, à mon goût.
Mais ce pavé se lit d'une traite et j'ai eu du mal à le reposer tant la lecture est prenante.
Nauséabonde certes mais prenante et bien ficelée.
Une très belle plongée dans l'enfer d'une jeunesse provinciale paumée et desoeuvrée.
C'est long, violent à outrance et glauque.
La première partie nous situe les personnages et on s'ennuie autant qu'eux;
l'ambiance est macabre, grise. L'auteur a très bien rendu l'atmosphère de ce
village perdu où il n'y a pas grand chose à faire.
Ce qui m'empêche cependant de proclamer la chose chef-d'oeuvre c'est l'amorce
de la fin qui surprend mais en même temps, devient tellement grosse qu'il est
difficile de tout gober en un seul instant.
Les 2/3 de l'histoire sont longs, longs. Pas qu'on n'y trouve aucun intérêt mais
une certaine cadence s'installe et tout d'un coup, tout se met à débouler. On a
rien vu venir et en même temps le choc nous saisit si fortement qu'on referme
l'album un peu décoiffé.
Un album de aulité qui n'est pas pour tout le monde cependant. Pour les initiés
seulement; les autres risquent de ne pas se rendre à la fin...
J'ai donc lu cet album le W.E. dernier. Premier constat, je vais avoir un regard biaisé dans le sens où si l'on excepte la "déroute" finale, ce fût pour moi comme une madeleine "proustienne", je m'explique, l'ambiance dans laquelle flotte le scénario ne m'est pas particulièrement inconnue.
Une mini-ville aux confins du sordide, peuplée de congénitaux aux indicibles, mais multiples, symptomes de malformation génétique. Une mini-ville hantée par le chômage, l'échec, la désertion, la fermeture des petits commerces... Cela au travers du regard de jeunes qui se sentent, se croient, hors norme, tellement installés dans leurs certitudes, leur supériorité supposée... au point de pousser le mal-être aux limites de tendances suicidaires.
Nous suivons donc les pérégrinations de ce groupe et tout y est : fascination pour le mystérieux (mystérieuse dans le cas présent) étranger (dans le sens, n'est pas née au village), attente réelle mais dissimulée de la saturday night fewer, la glauque (quel euphémisme) après-midi du dimanche et surtout, l'ennui quotidien qui rôde. Il faut tuer l'ennui. Pour ce faire, ce sympathique groupuscule de jeunes glande hors du contact avec la norme à la recherche de sensations. Et là, l'auteur connait ses classiques : arrêt de bus en béton tagué perdu dans la nature, bâtiments désaffectés ou dans un état apparenté (avec des "s" car ce n'est pas ce qui manque), sous un pont...
Le tout est agréablement narré avec rythme, si l'on excepte les quelques passages du poid lourd nocturne dont je n'ai pas bien saisi, je l'admets, l'utilité (quelques pages sur un gros bloc comme celui là, qu'est-ce). Autre petit bémol, comme pour le récent "la perdida" de J. Abel, je ne vois pas de nécessité de l'escalade finale, en trop pour moi, alors que l'ensemble se suffisait à lui-même par son incroyable approche d'une certaine réalité.
Mais ne restons pas sur ces bémols. C'est pour moi l'un des très grands albums de l'année. J'ai eu un intense plaisir à le lire, il m'a sorti de ma torpeur dominicale.
EXCELLENT
Je l'ai acheté hier et dévoré en suivant !!! Ruez vous dessus c'est vraiment excellent !!!Attendrissant, réaliste, troublant, dérangeant, violent; 200 pages au contenu tellement dense qu'il ne rentre dans aucune catégorie; il faut simplement le lire et se laisser porter .De toute façon il se lit d'une traite, sans que l'on puisse s'en décrocher : HYPNOTIQUE, on en revient secoué, sonné comme après un hupercut de Mike Tyson!!!!
Encore une réussite de futuropolis...