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Abdallahi 2. Seconde Partie

27/11/2006 19720 visiteurs 8.3/10 (8 notes)

E n 1827, le monde occidental est fasciné par Tombouctou, réputée pour son image d’une ville riche et prospère, mais surtout strictement interdite aux blancs. René Caillié fut le premier européen à s’y rendre et en revenir vivant. Pour cela, tandis qu’avant lui d’autres avaient en vain levé des armées pour tenter l’aventure, lui est parti seul, avec la ferme intention de passer pour un Musulman. C’est ainsi qu’après s’être fait accepter par une tribu maure, les Braknas, il devient Abdallahi, "le serviteur de Dieu", et s’invente des origines égyptiennes. Accompagné d’un guide noir, Arafanba, son périple s’avère toutefois vite quasiment inhumain. Sur le point d’abandonner, les rives du Niger au-delà de Djenné lui redonnent du baume au cœur : la cité mythique n’est plus très loin.

Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx ont parfaitement réussi l’adaptation en bande dessinée de cette expédition qui devaient durer près de dix-huit mois pour environ 4000 kilomètres d’épreuves physiques et morales. À retenir en particulier l’habileté dont ils font preuve pour décrire le cheminement intellectuel de René Caillié, utilisant d’abord l’Islam pour ses propres intérêts, mais y accordant en définitive un respect total et sincère. Dans cette deuxième partie, les instants de bonheur ou de sérénité sont quasiment inexistants, la détresse est omniprésente. Abdallahi ne se remettra pas de sa déception en découvrant une ville finalement bien triste en sans éclat, et en assistant à la fin tragique de son ami Arafanba, transcendé par une quête à l’issue inéluctable au nom d’un peuple asservi. Son retour par le désert du Sahara est un véritable calvaire, il est en proie à la folie et se referme sur lui-même, seul avec ses doutes quant à l’utilité de son voyage.

Un voyage mis en images par Pendanx de manière très subtile, tout en finesse. L’album est peint, rappelant les courants impressionnistes, avec en particulier un travail sur les lumières tout à fait remarquable. En plein soleil, l’auteur n’hésite pas à sur-illuminer ses dessins et à utiliser des effets de flou pour éblouir le lecteur. À côté de cela, Tombouctou est au contraire bien terne, exprimant très justement les sentiments d’Abdallahi. L’expressivité des visages est également saisissante, autant pour les rares sourires éclatants que pour le désespoir émanant de ces esclaves traités comme du bétail qui ne protestent même plus tant leur peuple s’est habitué à ce triste sort.

Abdallahi est le récit d’une aventure au-delà des limites humaines. Le récit juste et poignant d’un voyage au cœur de l’Afrique, avec ses couleurs, ses lumières, mais surtout sa détresse.

>> Chronique du premier tome.
>> Voir la preview

Par J-M Grimaud
Moyenne des chroniqueurs
8.3

Informations sur l'album

Abdallahi
2. Traversée d'un désert

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Note: 4.3/5 (71 votes)

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L'avis des visiteurs

    yvantilleuil Le 03/01/2007 à 15:39:48

    Afin de conclure ce diptyque en beauté, Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx continuent de romancer la biographie de René Caillé, alias Abdallahi, et les carnets de son laborieux voyage vers la ville mythique de Tombouctou en 1827.

    Alors que le tome précédent consacrait encore une partie de l’histoire aux préparatifs, ce deuxième album se concentre maintenant sur le pèlerinage éprouvant de 4500 kilomètres à pied, de cet aventurier français qui se converti initialement à l’Islam pour servir sa gloire personnelle, mais qui finira par trouver refuge dans la prière et la lecture du Coran pour survivre mentalement à la dureté de son périple.

    Une odyssée au sein d’un continent africain encore vierge de toute colonisation qui fera vaciller ce Charentais fils de bagnard physiquement, en flirtant avec la mort, mais également mentalement, en l’entraînant au bord de la folie.

    Une aventure qui va étaler les beautés non souillées de l’Afrique au lecteur, tout en lui ouvrant les yeux sur les négriers, et en imbibant ce premier Européen à revenir vivant de Tombouctou, ville interdite aux Blancs, de désespoir et de détresse au fil des pages. Une traversée du désert du Sahara qui parsèmera de doutes notre pèlerin concernant l’utilité de son exploit et qui laissera les auteurs dans l’incertitude quant aux réelles motivations de cet explorateur, pionnier de la colonisation française en Afrique ou humaniste anti-esclavagiste ?

    Le dessin en couleurs directes brûlantes et brillantes de Jean-Denis Pendanx, fait transpirer cette Afrique poussiéreuse à la chaleur palpable. La désolation de Tombouctou et la noirceur des pensées d’Abdallahi lors du retour contrastent magnifiquement avec la luminosité du désert et avec le décor final plein de quiétude, imaginé par les auteurs.

    Finalement, alors que cette fin d’année permet de retrouver côte à côte le cinquième tome du «Chat du Rabbin», qui offre une réflexion subtile sur le voyage d’étrangers allant d’Alger jusqu’en Éthiopie, et le deuxième tome de cette traversée du désert qui pousse un être humain au-delà de ses limites, on finit par se dire que c’est très beau de philosopher, mais qu’il n’y a quand même rien de tel qu’un témoignage poignant tel qu’Abdallahi.