E
mile Bravo est vraiment un auteur à part. Intéressé depuis toujours par la relativité et par la science en général, il a préféré opter pour une carrière artistique, sans pour autant délaisser sa passion. Il apparaît d’ailleurs dans maintes manifestations de vulgarisation scientifique, ce qui semble être son cheval de bataille. Sa série phare, Jules, est tout aussi étonnante. Dessin quasi ligne claire, et ambiance légèrement décalée qui n’est pas sans rappeler Jo, Zette et Jocko, sont au rendez-vous. Un décalage qui se transforme d’ailleurs en délire total dans certains passages. Après avoir traité de thèmes aussi variés que le voyage dans l’espace, le clonage, la spéléologie ou la mort prématurée, il aborde avec ce tome 5, la perception qu’un ado peut avoir de son père.
C’est plutôt mal barré pour Jules et son copain Joris. Ils ont séché le cours de gym pour aller au cinéma (sympathique clin d’œil au « Moby Dick » de John Huston), et comme ils se font prendre, ils sont sévèrement punis : ils devront partir au stage de voile organisé par l’école catholique. Piètre punition, pourrait-on penser ? Il s’avère que la partie de plaisir attendue va se transformer en affreux cauchemar.
La question du père est un pavé de 56 pages où Emile Bravo fait apparaître foule de personnages hauts en couleurs. En plus de retrouver son père toujours à côté de la plaque (la partie de chasse est un pur moment de démence) et son crétin de frère, Jules va faire la connaissance du père Antoine, à côté de qui le curé guitariste de La vie est un long fleuve tranquille est un enfant de chœur. Le garçon est encore une fois entraîné bien malgré lui dans une galère sans nom. Mais bien sûr, comme à son habitude et sans lourdeur aucune, l’auteur aborde dans son ouvrage un grave sujet de société. Ici, Jules sera amené à se questionner sur ses parents et sur son origine.
Avec ce nouvel album, Emile Bravo rappelle logiquement que Jules est LA série de bande dessinée tout public, en ce sens qu’elle s’adresse à toutes les tranches d’âge, et qu’elle intéressera bon nombre d’amateurs de genres différents. Et faut-il le répéter, avec un dessin et des couleurs impeccables et une technique de narration tout à fait captivante, l’album parfait n’est pas très loin.
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