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imbledon Green est un collectionneur. Le plus grand collectionneur de comics du monde. Mais qui est-il vraiment ? Et surtout, où et pourquoi a-t-il disparu ? A travers une galerie de témoignages de ceux qui l'ont connu, Seth brosse un portrait aigre-doux de son personnage, le parant tour à tour de tous les défauts, puis de toutes les qualités, en faisant surtout un stéréotype parfait du rat de bibliothèque, qui amasse tout et rarement n'importe quoi.
Wimbledon Green, c'est d'abord un objet. Un petit livre aux dimensions curieuses, au bout arrondi, à la couverture surprenamment pelliculée, aux inclusions dorées, qui est dans les mains bizarrement lourd. Ce sont aussi des planches inhabituelles, un gaufrier de 5 cases de haut, et de 4 de large, des petites cases bien carrées, bien remplies de dessin et, surtout, de texte. Seth est un auteur très bavard, qui fait avancer ses histoires à coups de grands dialogues, jamais pompeux, mais toujours longs, car tout passe par eux : le dessin reste basique, ce sont les mots qui portent le comique, le tragique... On ne s'ennuie absolument pas, cependant, car on est loin des récitatifs de Blake et Mortimer : le texte a du mordant, de l'énergie, il est percutant, il n'y a pas un mot de trop. Il faut dire que Fanny Soubiran a su traduire sans trahir, et que l'on sent dans l'album ce principe de carnets que l'auteur évoque dans la préface.
Car Wimbledon Green a été créé, selon Seth, sous le signe du "passable". Et il est évident que le graphisme est bien moins léché que dans ses autres albums comme La vie est belle malgré tout ou le Commis Voyageur, même s'il garde une forme très intéressante, en relation avec son contenu. Bien sûr, les personnages sont esquissés en trois traits, ils sont "tous faits de bulles et de tubes". Mais n'est-il pas préférable de lire un bon album avec un dessin rapide mais efficace plutôt qu'un album médiocre avec des planches très travaillées mais inexpressives ?
Des albums passables comme celui-là, on en voudrait tous les jours !
Cela me rappelle un peu le film de Woody Allen : Zelig. Le fil rouge est une succession de faux interviews sur cet étonnant Zelig capable de se transformer en fonction de son entourage direct.
Les collectionneurs se succèdent et parlent de leur ennemi Green, le plus grand collectionneur de comics.
Ce que je retiens,c'est la construction du livre et des intérieurs. Je suis étonné par la première double page "éclairée" littéralement par la petite fenêtre de la maison. Le reste de l'album est très spécifique aux collectionneurs que nous sommes.
C'est original, sans plus. Mais il faut reconnaitrele génie de Seth à faire des petites cases, à trouver des idées folles sur le plan graphique.
Chapeau l'artiste
Cet album commence très fort ! Une petite préface de Seth où il nous explique les principaux défauts de son album et son graphisme peu léché … Il faut dire que l’auteur n’y a consacré que ses moments perdus. On s’attend donc à découvrir un album approximatif et finalement qui sera vite oublié … Mais, car il y a un mais, Seth nous a trompé ! Il s’agit probablement de l’un des meilleurs albums parus cette année ! Un one-shot tel que je les aime, qui se lit d’une traite et dont on cherche frénétiquement à connaître la page suivante.
Cet album nous relate les aventures du plus grand collectionneur de Comics au monde, et je crois que tous ceux qui liront cet album pourront transposer cette histoire à leur propre passion dévorante pour la BD, certes à une plus petite échelle mais les fondamentaux de nos propres démons sur la recherche de tel ou tel album sont présents. Seth s’y prend de main de maître pour décrire notre univers de lecteurs/collectionneurs de BD.
La narration, par épisodes et interviews, est un assemblage de briques permettant la construction d’une histoire particulièrement précise et prenante. Seth nous explique dans la préface qu’il cherchait à réaliser un récit dont la globalité était meilleure que chaque épisode pris individuellement et effectivement il est parvenu à le réaliser. Les personnages secondaires (autres collectionneurs, libraires, etc …) sont parfaitement utilisés et leurs interventions améliorent la compréhension de ce petit bijou. Si vous rêviez de découvrir les arcanes du monde des collectionneurs, des ventes aux enchères, des courses pour acquérir tel album introuvable, Seth exaucera vos vœux (je ne connaissais qu’un seul autre album sur ce thème : Comixland qui était amusant à lire).
Graphiquement, poussé par Seth qui avait expliqué que son trait n’était pas extraordinaire pour cet album, j’ai voulu faire d’autant plus attention à cet aspect. Et j’avoue avoir particulièrement apprécié cet album que j’ai trouvé vif et réussit. A aucun moment je n’ai pensé qu’il avait été réalisé avec une volonté d’aller vite et de ne pas revenir dessus. Le découpage est également particulièrement braillant et adapté au récit.
Pour terminer, il faut également parler de l’objet. Car le Seuil nous propose là une BD originale et d’une qualité que nous n’avions connu ces dernières années que pour les publications de Chris War. S’il ne fallait collectionner cet album que pour une raison, ce serait celle là ;)
J'ai adoré cette BD, parce que je suis concerné par certains aspects de la collectionnite aiguë... donc quelque peu concerné et bien au courant des ficelles du métier ... de collectionneur !!!
Donc si vous êtes dans ce cas et que vous appréciez la BD indépendante, n'hésitez pas, il s'agit d'un chef d'oeuvre... De plus la BD est superbe : format spécifique, couverture ... un objet de collection.
Maintenant, j'émets une réserve : si vous n'entrez pas dans cette catégorie, il n'est pas évident que vous apprécierez pleinement cette BD ...