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encontre inattendue entre Darren Aranofsky, scénariste et réalisateur des très cultes Pi et Requiem for a Dream, et Kent Williams, illustrateur et dessinateur des tout aussi cultes Blood et Tell me, dark, The Fountain est avant tout une œuvre de renoncement.
Car Aranofsky, après sa tentative avortée de porter son scénario au cinéma, s’est tourné vers le comics, par dépit, et pour réussir malgré tout à présenter son œuvre au public. Le destin s’est chargé de tout remettre à plat, offrant au réalisateur une nouvelle chance. Son film sortira donc en novembre 2006 sur nos écrans. Joie.
Issue de la première mouture du scénario, cette adaptation dessinée profite du talent atypique de Kent Williams. Navigant quelque part entre Ashley Wood et Dave Mc Kean, il offre ici des planches explosives, allant de la simple ébauche au portrait le plus réaliste, en passant par des passages littéralement cosmiques… Preuve que le choix du dessinateur a apporté un réel supplément à une histoire déjà totalement "barrée".
En effet, loin de toute normalité narrative, Aranofsky se paie le luxe d’exploser les carcans du comics "classique", et projette ses personnages dans une quête initiatique hors norme. Cette histoire d’amour déroulée sur près de 500 années débute en Nouvelle-Espagne, au XVIème siècle, avec les recherches d’un conquistador, persuadé de s’approcher d’un arbre permettant d’obtenir la vie éternelle. Une vie éternelle qu’il destine, bien entendu, à son Amour…
Résumer The Fountain est un exercice difficile, trop en dire nuirait au plaisir de découvrir l’histoire, en dire trop peu n’en donnerait qu’un aperçu faussé… Mais il est évident que Darren Aranofsky a un réel talent de conteur, qu’il a su adapter au medium comics. Le plus surprenant, dans ce livre, étant l’impression que Kent Williams a parfois bâclé certaines pages pour mieux en soigner d'autres, au détriment d’une certaine unité graphique. Mais à l’avantage d’une transmission des sentiments des personnages quasi-sensitive. C’est, au final, une part intégrante du style du dessinateur qui offre une autre dimension à un scénario privilégiant le psychologique et la symbolique à l’action. Un premier essai réussi donc, en attendant de pouvoir comparer à l’œuvre filmée. Vivement !
L'immortalité est au centre de cette oeuvre singulière. Qui n'a pas rêvé d'avoir la vie éternelle ou de pouvoir sauver l'être aimée d'une mort certaine ? Un homme essaye de défier les lois de la nature ainsi que la religion afin de braver tous les interdits. Cela pourrait paraître presque de la science-fiction.
Or, je viens de lire dans un magazine scientifique qu'il existe désormais un être vivant capable de se régénérer éternellement. Il s'agirait d'une variété de méduse : la Turritopsis nutricula qui commence à proliférer sur toutes les mers chaudes du monde.
Turritopsis nutricula est à ce jour le seul animal connu capable de retourner à sa forme juvénile après avoir été sexuellement mature, grâce à un mécanisme cellulaire. Bref, il existe quelque chose capable d'inverser le processus de veillissement ! Les scientifiques et autres généticiens pourraient peut-être en tirer quelque chose un jour pour l'appliquer sur des êtres humains pour garder une jeunesse éternelle. La recherche n'est qu'au début d'une longue épopée. En attendant, on devra faire un trajet entre la mort et le deuil !
Après 2012 et la fin du monde annoncé dans leur calendrier ancestral, les Mayas nous pondent l'immortalité au travers un arbre de vie ! Ils sont quand même forts ces Mayas !
Cette bd fait preuve d'une audace graphique qui a son originalité mais qui pourra rebuter plus d'un lecteur. Il y a comme une espèce d'allergie aux conventions du genre. Cette ambition aveugle trop sophistiquée semble en effet demesurée. Le résultat désoriente au niveau spatio-temporel : c'est certain ! Au-delà de ce voyage initiatique envoûtant, "The Fountain" apparaît presque comme un poême intimiste et mystique pour les uns, mais également emphatique et fumeux pour les autres. La réalité se situerait plutôt à mi-chemin.
C'est sans doute un peu trop psychédélique à mon goût. J'aurais apprécié quelque chose de moins alambiqué et qui reste logique. Ce n'est pas la réussite absolue au nirvana de la raison ! Bon, on a quand même évité le discours larmoyant de l'histoire d'amour ! Symbolisme et esthétisme se marient très bien pour nous offrir une qualité rare qu'il faut être capable d'apprécier. Ce n'est pas donné à tout le monde à commencer par moi-même !
Je ne sais trop quoi en dire tellement on est dans l'exercice de style. Le film vient de sortir grand écran et a reçu une flopée de mauvaises critiques. Je ne l'ai pas vu. S'il est aussi glauque que la bd, on comprend.
Les planches sont parfois exquises parfois tellement exécutées avec un semblant de va vite. Je demeure très ambigüe. À trop vouloir faire dans la profondeur, on s'y perd...Malheureusement!!!