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in du XIXè – début du XXè siècle. Fritz Haber déborde d’ambition. Il est brillant, extrêmement brillant. Les résultats de ses recherches dans le domaine de la chimie devraient lui ouvrir toutes les portes. Avant de devenir une sommité du monde scientifique (Prix Nobel de chimie en 1918), son parcours sera pourtant difficile et pénible. L’esprit du temps (1888-1906) est la première partie de la biographie de celui qui a élaboré les premiers engrais chimique mais aussi inventé les gaz de combat qui serviront dans les tranchées, avant d’être impliqué dans la conception du Zyklon B utilisé dans les camps de la mort. L’époque voit aussi l’apparition du mouvement sioniste.
Effrayant. Ce livre est tout bonnement effrayant. Non pas d’un point de vue graphique même si on peut parier qu’un aperçu trop rapide de ces aquarelles particulières figera certaines velléités de lecture. Les lieux aux contours fragiles comme la mémoire et les silhouettes spectrales donnent à l’ensemble une atmosphère saisissante. Passé un court temps d’adaptation, certaines expressions ou la beauté de certains visages de femmes deviennent limpides et troublants à la fois.
Non, si ce premier volume glace le sang, c’est à cause des faits exposés et de la construction choisie qui confine au travail d’orfèvre. Chaque chapitre est introduit par un court texte extrait d’œuvres philosophiques, liturgiques ou théâtrales. Au début, on les lit avec une certaine distance puis au fur et à mesure on perçoit leur pertinence et leur portée. Au point, par la suite, de marquer un temps d’arrêt à la fin de ces introductions, comme pour reprendre son souffle et ne pas se laisser submerger par ce qui va suivre. Le choix de placer les textes en bas de case comme des sous-titres et le recours à des panneaux explicatifs, comme au temps du cinéma muet, procurent ici un recul par rapport à l’action qui donne le sentiment d’avoir accès à des souvenirs qui résonnent dans un esprit las.
Les rêves brisés, les ambitions entravées, les humiliations subies parce qu’on fait partie d’une catégorie jugée minoritaire et inférieure par la société, voilà ce à quoi ils sont confrontés. Qu’ils soient juifs ou femmes. Et d’ailleurs, les usages sont si prégnants et forts que ces victimes reproduisent parfois ces schémas discriminatoires contre des catégories dont elles devraient se sentir solidaires (Haber le juif n’hésite pas à imposer à sa talentueuse épouse l’idée de renoncer à son avenir professionnel). L’hypocrisie condescendante côtoie les rancœurs ravalées.
Comment ne pas sortir de cette lecture assommé par les épreuves, accablé par l’idée qu’il n’y aura pas de réel salut pour ceux qui ne seront pas ménagés par l’Histoire ? Cet album (le premier d’une série de trois) difficile mais ô combien riche correspond à une prise de risque pour l’auteur, l’éditeur et le lecteur qui voudra consentir l’effort de s’y plonger. Qu’elle soit saluée.
C'est une série que j'aurais voulu apprécier mais cela ne l'a pas fait. Le graphisme est plutôt flou et se sert d'une bichromie assez pauvre avec des couleurs tristes et monotones. Cela donne un caractère film de cinéma muet qui est certainement voulu par l'auteur comme pour une mise en scène.
On raconte en l'occurence l'histoire d'un chimiste, prix nobel en 1918 qui fut l'un des pères des armes les plus atroces qui ont existé sur notre planète. Il était d'origine juive et voulait être allemand avant tout et surtout prouver qu'il pouvait en être fier. Tragique destinée puisqu'il fut contraint à l'exil en 1933 lorsqu'Hitler s'empara du pouvoir. Il mourrut un an plus tard à Bâle en Suisse.
Je ne suis pas parvenu en entrer dans cette histoire car tout est froid à commencer par Fritz Haber lui-même. Le fait qu'il soit parvenu à la synthèse de l'ammoniac me fait ni chaud, ni froid.
La biographie est certainement brillante et use de procédés originaux. Cependant, cette magie ne m'a pas atteint faute de n'avoir pas apprécier l'ambitieux scientifique à l'origine des gazs mortelles ayant fait de nombreux ravages dans les tranchées durant la Première Guerre Mondiale. Et puis, c'est trop mélancolique et franchement un peu ennuyeux.
Ce premier album de la série consacrée au chimiste allemand Fritz Haber est tout simplement un pur chef d'oeuvre ! Ce scientifique est tiraillé dans sa jeunesse entre sa judaïté qui le condamne a être exclu de la communauté intellectuelle et sa volonté de se fondre dans la nation allemande afin d'assouvir ses rêves les plus ambitieux.
Le scénario est d'autant plus saississant grâce au découpage utilsé par David Vandermeulen et aux magnifiques aquarelles !
Magnifique!
Je viens de terminer le premier opus de Fritz Haber, L'esprit du temps, et déjà, je languis la suite. Quel magnifique album! Tant au niveau du scénario qu'au niveau du dessin, qui sont menés admirablement par un Vandermeulen plus que talentueux. Les aquarelles aux tons sépia, amènent une certaine dose de nostalgie et de mélancolie, et on ne s'en lasse pas. Tout est cohérent, tout est coordonné à la perfection, pour notre plus grand bonheur. Vivement la suite!